Suite à ma chronique du livre de Jean-Noël Coghe Jimmy The Kid, James Dean secret, je me suis autorisé à poser quelques questions à son auteur. Celui-ci a eu l’amabilité d’y répondre longuement. Passionnant.
Pouvez-vous revenir en quelques mots sur votre expédition à Fairmount au milieu des années 70 et votre rencontre avec les Winslow ?
JNC : La visite à Fairmount n’a pas été programmée. Elle s’est faite sur un coup de coeur. J’étais à Dallas depuis quelques jours, j’étais parti retrouver une amie aux States. Son boss lui a donné quelques jours de vacances et nous avons filé via le Greyhound à Fairmount, début 75. A l’époque, il n’y a rien : le Musée n’est pas encore ouvert et David Loehr (le futur archiviste et responsable de la James Dean Gallery) n’a pas encore lu le bouquin de David Dalton qui vient juste d’être publié. Nous avons débarqué dans Main Street et rencontré deux jeunes de Fairmount amusés de nous voir. Ils nous ont servis de guides : le cimetière, puis la rencontre fortuite avec Marcus Winslow qui nous amène dans sa ferme, là ou James Dean a vécu et grandi. C’est un lieu respecté par les habitants et par les voyageurs, « on ne dérange pas les Winslow qui ne reçoivent pas… »
Vous avez alors décider d’en profiter pour intérroger des proches de Jimmy ?
JNC : A l’époque je faisais de la radio pour la RTBF et FR3 Nord Picardie, j’avais donc avec moi mon Nagra. Ortense Winslow, la tante de Jimmy, a accepté l’interview puis, avec Marcus, ils m’ont ouvert quelques-uns de leurs albums. Ca a été une rencontre très forte, chargée d’émotion, de respect. Marcus Winslow m’a donné son adresse, j’ai promis de lui écrire et je n’ai jamais osé le faire. Il est décédé quelques mois plus tard, en avril 76.
Enfin nous avons rencontré Adeline Nall, son professeur, celle qui a initié Jimmy au théâtre. Elle nous a reçus chez elle. J’ai récupéré dans un drugstore les bouquins de Venable Herndon (conseillé par Adeline Nall), de John Gilmore et de Ray Martinelli. J’ai acheté celui de Dalton à Los Angeles un peu plus tard, tous des livres que je n’ai pas lus à l’époque et qui ont rejoints ceux de Xavier Grall et de Yves Salgues que je possédais depuis une dizaine d’années. En fait, j’avais publié en 1964 (à 17ans) mon premier article sur James Dean dans le quotidien Nord Eclair.
A mon retour, les interviews d’Ortense Winslow et d’Adeline Nall ont été diffusés dans l’émission Formule J de la RTB, puis dans mes émissions sur FR3 Radio. Le magazine TéléMoustique (l’équivalent en Belgique de Télérama en moins élitiste) a publié les interviews, repris par Nord Eclair la même année. L’Express avait envisagé d’utiliser ces éléments pour le 20ème anniversaire de la mort de James Dean, mais au dernier moment ils ont préféré faire une présentation du bouquin de David Dalton publié en version française, une version expurgée du livre original, amputée de dizaines de pages. En fait, j’ai mis tout cela en réserve.
Il y a un grand décalage entre la sortie du livre et votre séjour à Fairmount dans les années 70. Quel a été le déclic pour écrire ce livre ?
JNC : Je suis devenu l’envoyé spécial permanent de RTL dans le Nord durant une vingtaine d’années. En 2001, j’ai publié Autant en emporte le rock, qui conte mes rencontres (tournées etc.) avec des groupes débutants puis célèbres (Small Faces, Animals, Kinks, Jimi Hendrix, and so on), un bouquin dans lequel je raconte le périple à Fairmount. J’ai alors décidé d’écrire un livre sur Dean, mais je n’avais pas grand chose.
J’ai écrit en 2002 une page, la première et puis je l’ai rangée avec mes livres sur Dean toujours endormis. Il y avait le 50è anniversaire qui se profilait, à coup sûr il y aurait une opportunité mais je n’avais pas envie de faire un livre sur Dean pour faire un coup, une affaire… J’ai alors décidé de faire ce livre dans la foulée, après les autres. Le 23 juin 2004, je retrouvais à Avignon Bill Wyman et son groupe The Rhythm’n’ Kings avec lequel j’étais parti en tournée en 2003. A l’issue du concert, Bill et moi buvions un coup dans le bar de l’hôtel. Il m’a demandé ce que j’allais faire et je lui ai dit que j’attaquais le James Dean. Le lendemain matin je reprenais la première page et je commençais le livre, que j’ai terminé en août 2007.
… à suivre…