2013 marque les 20 ans du 4ème titre mondial d’Alain Prost, le dernier d’un Français. Après lui le déluge, ou presque. Jules Bianchi, terriblement prometteur en ce début de saison avec la (très, mais alors très) modeste Marussia, sera-t-il celui qui émergera parmi cette la génération de pilotes français qui se distingue aujourd’hui en F1 ? J’ai de bonnes raisons d’y croire.
A la recherche de la nouvelle star
Depuis 20 ans, la France se cherche un champion. Pas forcément un champion du monde, mais un pilote emblématique, capable de courir pour de grandes écuries, de se forger un palmarès respectable et de donner une bonne image de son sport. L’époque des « gentils » Jean Alési (1 victoire en 201 GP, 4ème des championnats 1996 et 1997) et Olivier Panis (1 victoire en 157 GP, 8ème en 1995) est révolue. La fin des années 90 a marqué le sacrifice de toute une génération de jeunes talents (Soheil Ayari, Emmanuel Collard ou encore Stéphane Sarrazin pour ne nommer qu’eux) sur l’autel du business tandis que la génération 2000 à été à peine plus gâtée. Las, nos deux meilleurs représentants, Sébastien Bourdais (27 GP chez Toro Rosso) et Franck Montagny (7 GP chez Super Aguri), en ont bavé avec deux passages éclairs et relativement anonymes dans la catégorie reine du sport automobile.
Le tournant des années 2010 marque un étonnant retour en force des pilotes français, tous ayant comme point commun, comme quasiment l’ensemble de leurs confrères, d’avoir de sérieux soutiens financiers : Total pour Romain Grosjean, la filière Red Bull pour Jean-Eric Vergne, le groupe Lagardère pour Charles Pic, Ferrari et Nicolas Todt pour Jules Bianchi. Or, en ce début de saison, c’est précisément ce dernier qui créé la sensation, lui qui sur le papier court pourtant pour la plus faible écurie du plateau. Alors, coups de génie ou faux espoirs ?
Un jeune homme pressé
Remarquable pilote de kart, Jules Bianchi réussi l’exploit de remporter en 2007 le championnat de France de Formule Renault dès sa première saison en sport automobile, une première depuis un certains Alain Prost. En plus de cette entrée fracassante, Jules Bianchi jouit alors d’une grosse côté de sympathie dans le milieu, du fait de son « nom », puisqu’il est le petit-fils de Mauro (pilote en monoplace et en endurance dans les années 60) et le petit-neveu de Lucien (pilote de F1 et vainqueur des 24 Heures du Mans en 1968).
Deux ans plus tard, il confirme son coup de volant et ses ambitions en remportant les F3 Euroseries. Dans le même temps, il se lie avec Nicolas Todt et intègre le giron de la Scuderia Ferrari. C’est aussi à cette époque qu’il fait ses premiers tours de roue en F1.
La suite est moins idyllique en GP2 puis en World Series by Renault où malgré quelques victoires il ne remporte aucun titre supplémentaire. En coulisse, lui et Nicolas Todt travaillent, en vain, à son arrivée en F1, avant que les choses ne se débloquent finalement quelques jours avant l’ouverture de la cette saison, non pas chez Ferrari, non pas chez Force India, mais chez Marussia. Qu’à cela ne tienne, la joie d’enfin se retrouver sur une grille de départ en F1 surpasse largement la déception de devoir intégrer une équipe aussi peu compétitive. Après tout, d’autres avant lui, et non des moindres, ont su s’imposer en partant de loin.
Tout pour plaire
Évidemment il convient de ne pas s’enflammer malgré ces deux premiers Grand Prix parfaitement maitrisés, tant en qualifications qu’en courses. Non seulement il va falloir qu’il continue à dominer, le plus largement possible, son équipier et devancer les Catherham toute la saison, mais il va aussi lui falloir progressivement venir jouer les trouble-fête avec des voitures a priori plus performantes (les Williams, Sauber ou Toro Rosso ?) afin de se mettre définitivement en évidence. Dans ce contexte, un point marqué cette saison serait un réel exploit, à même de lui ouvrir les portes d’une équipe beaucoup plus huppée.
J’ai pu rencontrer et discuter avec Jules Bianchi une fois (aux ERDF Masters Kart 2011 à Paris/Bercy) et il s’avère qu’il a la tête à la fois bien pleine et sur les épaules. Avec sa belle gueule, son coup de volant, ses relations et sa (très bonne) réputation naissante, nul doute qu’il a toutes les cartes en main pour percer en F1.
Jules Bianchi a maintenant son destin entre les mains. De là à devenir un jour une star de la discipline, l’avenir nous le dira…
Photo : Marussia